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Le Sénat veut mobiliser l’orientation et la formation pour répondre aux besoins des secteurs en tension

Symbole orientation

La délégation aux entreprises du Sénat a présenté son rapport « Des compétences de toute urgence pour l’emploi et les entreprises. » Réitérant le constat d’un décalage entre l’offre et la demande, les rapporteurs ont commenté leurs recommandations.

Présenté par Michel Canevet (Union centriste, Finistère) et Guy-Dominique Kennel (Les Républicains, Bas-Rhin), le rapport sénatorial sur la pénurie de compétences et les moyens d’y répondre se présente volontiers sous le signe du « bon sens » et du « pragmatisme ». Ce qui peut se traduire par une approche très classique du problème : une nation qui compte 5,6 millions de personnes inscrites à Pôle emploi, en dépit de nombreux métiers en tension, connaît une « véritable inadéquation de l’offre et de la demande ». Laquelle pourrait être combattue par un travail sur les compétences, ce qui passe par une refonte de l’orientation et un recours accru à la formation.

Pour les sénateurs, la pandémie n’a pas changé la donne mais le contexte, avec des indicateurs passés du vert au rouge. « Dans un contexte de crise, estime Michel Canevet, il importe encore plus de se préparer à l’avenir et d’anticiper l’évolution des métiers. » Si la crise sanitaire a mis sur le devant de la scène la question des conditions de travail et des rémunérations, c’est bien sur la question de l’orientation et de la formation que la délégation sénatoriale aux entreprises a choisi de concentrer ses 24 recommandations.

Décloisonner

Pour Guy-Dominique Kennel, le premier constat est d’abord celui du « cloisonnement entre le monde de l’Éducation nationale et le monde de l’entreprise ». Soulignant qu’à peine plus de 4 300 personnels de l’Éducation nationale ont fait un passage d’un à trois jours en entreprise en 2019, il justifie la recommandation n° 1 qui plaide pour des immersions en entreprise obligatoires, organisées par les Régions, pour tous les prescripteurs d’orientation de l’Éducation nationale, lors de la formation initiale et tout au long de la vie. Du côté des jeunes, le rapprochement pourrait se faire à l’occasion du « Printemps des métiers », journée nationale annuelle d’information que le rapport suggère d’instaurer (n° 3). S’agissant des diplômes, la recommandation n° 5 propose de faciliter la « contextualisation des diplômes nationaux » en créant des spécialisations adaptées aux spécificités territoriales et aux métiers qui recrutent.

Apprentissage

Particulièrement touché par la crise, l’apprentissage fait l’objet de quatre recommandations. La première (n° 7) vise à prévenir les ruptures de parcours par l’instauration d’un dispositif de reprise des contrats de travail rompus à l’initiative des entreprises entre mars 2020 et mars 2021. Les deux suivantes s’attachent à la sécurisation des choix d’orientation : par la création d’une journée de découverte des métiers à effectuer lors du choix d’une filière en apprentissage (n° 8), et la systématisation des mises en situation en milieu professionnel ou des formations d’adaptation préalable organisées par Pôle emploi (n° 9). Comme l’Association nationale des apprentis de France, le rapport suggère également de s’intéresser aux freins économiques en garantissant à tous les apprentis une aide à la restauration/l’hébergement (n° 10).

Emploi

Évoquant la responsabilité des entreprises, Guy-Dominique Kennel pointe la recommandation n° 13, qui alerte les PME sur l’absence de « candidat idéal » et leur suggère de mobiliser leurs opco sur des actions de GPEC. Pour les TPE-PME et dans le secteur de l’artisanat par exemple, le « gâchis de compétences » pourrait être combattu par l’organisation de la transmission intergénérationnelle des savoir-faire entre les seniors sans emploi et les jeunes qui ne sont ni en études ni en formation (n° 15). Cette recommandation reprend une réclamation historique des Régions : leur confier le pilotage des acteurs publics de l’emploi, y compris Pôle emploi.

Synthèse du rapport « Des compétences de toute urgence pour l’emploi et les entreprises »

 

Nicolas Deguerry (Centre inffo pour Défi métiers)